lundi 7 juillet 2014

Tranche-Montagne

Tiens, l'autre jour, j'avais un déplacement sur l'île de Ré et ma route a croisé l'imposant Fort de la Prée. J'ai aussitôt pensé à Tranche-Montagne, personnage énigmatique originaire de Savigné, l'un des invalides relevés par la base de données de l'Hôtel des Invalides.



Le Fort de la Prée, d'après le Conseil Général de la Charente-Maritime, est le plus ancien témoignage de la fortification classique du département. Construit en 1625 sur l'ordre de Toiras par d'Argencourt et Le Camus, son plan adopte la forme d'une étoile à quatre bastions effilés reliés par des courtines semi-circulaires « en cul-de-chaudrons » et doublés par une enveloppe côté front de terre. En 1627, les troupes françaises l'utilisent pour prendre à revers l'armée de Buckingham stationnée à Saint-Martin-de-Ré. L'étroitesse du fort obligera l'architecte Blondel sur ordre de Colbert a agrandir ses défenses par une deuxième enceinte en 1664 puis une troisième en 1672. Le fort, considéré par Vauban comme « de peu d'intérêt », sera armé jusqu'en 1875, et déclassé en 1934.

Vue du Fort

Actuellement, des travaux sont en cours pour restaurer une partie du rempart à la mer. Sollicités par la mer en février 2010, lors de la tempête Xynthia, 100 mètres de rempart sont rénovés avec des pierres de tailles provenant de la Vienne et mise en oeuvre suivant les techniques habituelles.



Tranche-Montagne, alias Pierre Petit, naquit à Savigné vers 1668. Lorsqu'il fut inscrit dans les registres de l'Hôtel des Invalides, le 19 octobre 1721, il était sergent du sieur de Laudun, dans le régiment de Navarre, dans lequel il avait servi pendant 34 ans. Son congé, daté du 7 juillet précédent, était motivé par de nombreuses blessures reçues en diverses occasions, qui le mit « hors service ».
Il fut l'un des soldats réformés envoyés dans la compagnie des Invalides en poste au Fort de la Prée, où il mourut le 25 juillet 1724.
J'avais déjà croisé ce personnage sur un acte, trouvé dans le fond Deschamps, notaire à Civray. Par acte de février 1706, il confiait ses biens et héritages aux époux Berger, demeurant au village de Chez Tribot, paroisse de Savigné, en attendant son éventuel retour au pays. En cas de décès, les époux Berger en héritaient, sans contrepartie a priori.